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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/234

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Le mensonge, c’est de dire, comme M. Guizot, qu’il faut éternellement des pauvres et que le travail est un frein.

Un frein ! Quelle infamie de rabaisser au rôle d’instrument de torture la tâche chère et sacrée que Dieu a donnée à l’homme ! Non, le but de la vie n’est pas la souffrance ! Dieu est trop juste et trop bon pour avoir fait du désespoir le terme de cette vie qu’il a placée sous l’égide de l’espérance. Le but, c’est d’être heureux par la foi et par la gloire d’avoir créé le beau et le bien. Le chemin qui mène à ce but, c’est une alternative de souffrances plus ou moins vives et de satisfactions plus ou moins complètes. La douleur entre donc dans notre destinée, et ceux qui veulent s’y soustraire sont des égoïstes. La douleur est sainte, la douleur est bénie du ciel ! non pas la douleur qu’une pensée impie inflige et prescrit à plusieurs au profit de quelques-uns, mais la douleur que chacun accepte au profit de tous. C’est là le sacrement de vie ; recevons-le religieusement, et nous nous sentirons ensuite au niveau des plus grandes choses.

Ils te calomnient, ceux qui disent que tu combats pour des questions matérielles, et que tu ne vois dans le taux du salaire et dans la durée des heures de travail qu’une condition de bien-être physique ! Sans doute, tu as droit à ce bien-être, à ce repos ; mais ceux qui te connaissent savent bien qu’il y a là pour toi une question supérieure à celle du pain qui nourrit le corps. Tu veux le pain de l’âme ; tu veux la lumière, l’instruction, le temps de lire, de méditer, d’échanger