Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/284

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allons l’exercer en ton nom et avec ton aide. À présent, donne-nous la notion de notre devoir, afin que nous l’accomplissions dans toute son étendue et dans toute sa beauté. »

Si la conquête éclatante du principe pouvait, comme quelques-uns le prétendent, rendre le peuple audacieux et vain, les difficultés qui vont surgir, lorsqu’il s’agira de l’application, suffiraient pour nous rendre attentifs et nous faire rentrer en nous-mêmes. Mais le peuple n’est pas vain, il est sage, et sa grande conquête ne l’a pas enivré. Ce qui vient de Dieu n’est jamais nuisible.

Nous avons le principe tous pour chacun, chacun pour tous. La vérité est là, et nous la connaissons enfin. Mais les formes de la vérité, ses moyens, son travail, son œuvre positive et palpable, voilà ce qui s’étend ou se resserre, ce qui éclate ou ce qui est obscurci, selon que l’humanité est bien ou mal inspirée, selon qu’elle s’exalte ou se fatigue, selon qu’elle est équitable ou irritée. Veni, creator spiritus !

Nous voyons bien le principe du devoir, il est identique au principe du droit. Il s’appelle égalité. Et pourtant nous avons le droit aujourd’hui, et il nous faut trouver le devoir demain. Nous avons le fait, nous voulons la conséquence. Le fait, on le trouve dans le combat ; la conséquence, on ne la trouve que dans la réconciliation. Il y avait un ennemi hier, aujourd’hui, il y a un vaincu. Quelles conditions allons-nous lui faire ? Nous ne voulons ni prisonniers, ni otages, ni