Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/288

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injure de prédire que nous la rétablirons. C’est se faire injure à soi-même que d’avoir une pareille idée. Notre devoir à cet égard est clair comme le soleil, et il ne nous en coûtera pas de l’observer.

La peine du talion abolie en droit, arrivera-t-il quelque malheureux événement qui nous permettra de la rétablir en fait ? Non, fût-ce en réponse à des outrages impudents, fût-ce sous le coup d’une juste indignation, d’une souffrance insupportable, entends bien, peuple, notre devoir nous défend d’employer la violence, de répandre le sang, si ce n’est dans le combat et pour notre défense légitime. Ne fût-ce qu’une heure, ne fût-ce que sur un seul point de la France républicaine, point de prétendue justice exercée par l’individu contre l’individu. Que la loi soit sévère, mais que l’homme soit doux !

Qu’ils se rassurent donc, les hommes du passé. Le devoir nous trouvera inébranlables. Il n’y a pas une seule tête menacée dans l’empire de l’égalité. Mais le pillage î disent-ils. Le pillage, plus effrayant pour eux que la mort ! le pillage, que provoque leur avarice ou leur prévoyance pusillanime, le pillage qui tente l’indigent lorsqu’il sait que telle maison renferme des richesses frappées de stérilité par la peur de l’égoïste ; l’incendie, la destruction des objets de luxe qui éveille, non plus la convoitise, mais la vengeance de l’homme exaspéré par le malheur et l’injustice ?

Point de pillage ! On nous déshonore en nous supposant si faciles à tenter. On oublie que nous avons gardé fidèlement les diamants et l’argenterie des Tui-