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Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/30

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de nos justes réclamations, de nos anathèmes populaires contre le système avilissant qu’on nous force à subir. La France n’est pas morte encore ; et, s’il est possible qu’on vienne à bout de l’immoler, elle exhalera, dans son agonie, des cris de détresse et un appel à la justice de Dieu qui vibrera longtemps dans la mémoire des nations. Votre voix remplira longtemps l’espace ; le ciel et là terre l’ont entendue. La France entière lui servira d’écho. Et, pour commencer, sur les rives de l’Indre et du Cher, une population laborieuse, naïve et fine, indépendante par instinct et par vieille habitude, cette population du cœur de la France, éminemment agricole, remarquablement patiente et calme, et par cela même difficile à mal gouverner, rebelle à la corruption, habile à déjouer l’intrigue, confiante à la loyauté, hospitalière et charitable ; une population enfin qui parle encore la langue de Montaigne, et qui a retenu les chants des anciennes douleurs du peuple au moyen âge, veut reprendre son droit de penser et d’écrire, et elle le reprendra. Aucun sacrifice ne lui coûtera pour se créer un journal indépendant, en dépit de tous les hommages, de toutes les difficultés qu’on est venu placer en travers du char brûlant de la presse libre. Elle connaît tous les obstacles, et, quoique ce soit un pays de petites propriétés et de petites fortunes, ces petites fortunes s’imposeront volontairement, et sans parcimonie, pour subvenir aux dépenses d’un journal de localité. Nous en avons déjà les preuves entre les mains. L’entreprise est minime, matériellement parlant : elle est