Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/316

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mort. Il y a dans cette feinte clémence qui supprime l’échafaud pour infliger le supplice de la mort en détail quelque chose d’atroce ; et le juge, le bourreau même, oserait-il dire au dernier des criminels : « La loi garantit ta vie ; mais ta vie, il me la faut. Je trouverai moyen de la prendre. À défaut de la ciguë, que je ne puis te verser, je dispose d’un poison subtil qui pénétrera en toi par ton souffle, par tous tes pores. Je n’ose te tuer là parce qu’on nous voit, mais pars, je suis pressé de t’assassiner loin d’ici ! »

Nos martyrs ne demandent point de grâce. Ils iront d’un front serein boire le poison qu’on leur prépare ; mais en dormirez-vous plus tranquilles, vous, au prétendu repos de qui on les aura immolés par trahison ?


Novembre 1849.