Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/341

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complet pour la guerre. Compromis à Gênes, en 1834, pour cause de libéralisme, il se réfugia en France, à pied, à travers les montagnes et sous le costume d’un paysan. Il passa deux ans à Marseille, absorbé par les mathématiques, car rien ne manque à cet homme d’action, c’est un esprit studieux et calme.

Cependant il fallait vivre et donner cours à cette activité généreuse dont sa patrie lui refusait l’emploi.

Il essaya de prendre du service comme officier de marine du bey de Tunis. Quelques mois de cette tentative lui parurent mal employés. Une république s’est constituée dans l’Amérique du Sud. Il traverse les mers et devient général de partisans contre Rosas qui n’eut jamais, dit-on, de plus redoutable adversaire.

En effet, c’était un invincible ennemi, l’homme à qui l’on offrait en vain, pour lui faire changer de parti, une fortune considérable. L’aventurier ne voulait pas s’enrichir. Il voulait se battre et tenir la parole qu’il avait donnée. Il se battit si bien et avec des partisans si admirablement exercés, que son nom ne tarda pas à devenir célèbre. C’est dans cette guerre que Garibaldi se forma à la brillante carrière qu’il poursuit aujourd’hui avec un nouvel éclat. C’est là que, monté sur un petit bateau de pêche pour faire, avec douze matelots et à la faveur du brouillard, une reconnaissance dans les eaux de l’escadre ennemie, il voit, la brume se dissipant brusquement, une goélette armée de six canons le bloquer dans une petite anse où il n’a que le temps de se réfugier. La nuit est venue et la goëlette jette tranquillement ses ancres à deux portées