Page:Sand - Questions politiques et sociales.djvu/85

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nier, on les vit s’agiter dans le sein de l’Assemblée constituante. Leurs débats ne furent pas troublés d’abord par l’amertume et l’ironie ; mais nous allons montrer comme quoi ils ne purent s’entendre sur le fond des idées.

Il y a un grand enseignement à tirer de ces discussions qui précédèrent la fameuse Déclaration des droits de l’homme, sur laquelle sont fondées encore les plus importantes de nos institutions. Il ne faut pas oublier que cet essai de constitution sociale, comme toute la révolution française, a été fait au nom de la philosophie. Tout ce qui avait la haine du vieux despotisme, tout ce qui portait un cœur ardent et jeune dans ces luttes, tout ce qui s’honorait du titre de patriote, se glorifiait d’être adepte de la philosophie de son siècle. Il est donc fort étrange que les gardiens des principes républicains, le parti politique qui se fait honneur de continuer les idées de réforme sociale de la Révolution, raille la philosophie de nos jours, et repousse avec amertume ou dédain toute solidarité avec de nouvelles recherches philosophiques sur les droits et les devoirs de l’homme. L’Assemblée constituante comptait parmi ses membres de tous les ordres et de toutes les opinions, outre une foule de philosophes (le mot était littéralement devenu synonyme de patriote), plusieurs métaphysiciens d’une certaine force, qui, dans la discussion des principes constitutifs de la société, se faisaient religieusement écouter. Sieyès était l’oracle d’un parti ; de Crenières[1] exci-

  1. Orateur sobre de paroles et riche d’idées, métaphysicien