Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/202

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pourrons le combattre et le détruire. D’un côté, des propriétaires furieux qui défendent leur droit avec passion et arrogance, ne sachant comment le concilier avec le droit de vivre accordé au prolétaire ; de l’autre, des prolétaires indignés qui commencent à se repentir d’avoir trop respecté le fait de la propriété, et à perdre la conscience des droits respectifs méconnus par la société officielle.

Qu’y a-t-il pourtant au fond de cette question insoluble au premier abord ? Il y a une vérité qui a deux faces, et qui ne serait pas une vérité si elle ne les avait pas.


II

J’ai dit que toute vérité abstraite, comme tout objet sensible, avait deux faces, et je me suis exprimé ainsi pour simplifier la démonstration ; car toute idée comme tout objet a autant de faces et d’apparences diverses qu’il y a d’individus placés pour l’observer et le comprendre, à des points de vue différents. Mais ne prenons que les deux points de vue extrêmes, et diamétralement opposés. Tous ceux qui seront intermédiaires pèseront d’autant plus dans la balance d’un côté ou de l’autre.

À un de ces points de vue, nous trouvons la formule de la richesse : « La propriété est une chose imprescriptible, personnelle, dont celui qui possède a le droit