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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/233

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Le cri Vive l’Italie ! retentissait au fond de la Sicile, grondait dans chaque manifestation de mécontentement local, et terminait, comme le Delenda Carthago de Caton, chaque discours politique. Ailleurs, les populations, lasses de misère et d’inégalité, s’agitaient dans le rêve d’un nouvel ordre de chose ?, social ou politique : en Italie, pour la seule gloire et par la puissante espérance des grandes choses de l’avenir, elles s’insurgeaient ou aspiraient à s’insurger pour une idée. Elles cherchaient la patrie ; elles regardaient vers les Alpes. La liberté, but des autres nations, était pour nous le moyen.

Ce n’est pas que les Italiens, comme d’autres l’ont cru ou ont fait semblant de le croire, fussent insouciants de leur droit ou imbus de préjugés monarchiques. — Excepté dans quelques coins de Naples et de Turin, je ne crois pas qu’il existe un peuple plus démocrate et par conséquent plus républicain par ses traditions, par la conscience de son égalité civile, par les fautes de ses princes et par l’instinct de sa mission future, que le nôtre. — Mais ils avaient un sentiment trop élevé de leur dignité pour ne pas savoir que l’Italie, devenue nation, serait libre, et ils auraient sacrifié la liberté, pour quelque temps, à quiconque (soit pape, soit prince, soit pire) aurait voulu les guider et faire d’eux une nation. L’obstacle, non pas le plus réel, mais le plus apparent, à la fraternisation de tous ceux qui peuplent cette terre sacrée de l’Italie, c’était l’Autriche. Ils invoquaient donc, avant tout, la guerre contre l’Autriche, et le peu de liberté qu’ils réussis-