Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/239

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soit par l’influence de leurs discours et le prestige des premiers actes du pape, soit par l’espoir de frayer à l’Italie un chemin plus facile vers un meilleur avenir, après le brusque découragement des nombreuses tentatives avortées dans le passé. Ames candides et saintement dévouées à la patrie, trop flexibles néanmoins et pas assez fortement trempées, par leur nature et par la souffrance, dans la sévère et énergique foi du vrai immuable, elles avaient été formées parmi nous au culte de l’idée nationale, mais elles s’étaient fatiguées trop tôt des inévitables douleurs de la lutte ; et se méprenant sur le besoin d’autorité qui nous domine tous, elles se prosternaient devant celle qui existait alors et qui avait l’air de se régénérer.

Au-dessous de ceux-ci, se pressait, toute joyeuse de voir que les sacrifices et les obstacles allaient diminuer, la foule des hommes de calcul, des esprits et des cœurs médiocres, des tièdes repoussés par l’Évangile, de ceux dont notre cri de guerre troublait le sommeil et à qui le programme des modérés promettait, au contraire, les honneurs faciles du patriotisme, à la seule condition d’écrire des articles pacifiques dans les journaux, ou de soulever d’inoffensives polémiques avec le Lloyd sur le chemin de fer, ou encore de supplier le prince de vouloir bien se montrer un peu moins tyran.

Et, plus bas encore, lèpre de tous les partis, on voyait grouiller la race affairée des jongleurs politiques, hommes de tous les métiers, véritables harpies qui souillent tout ce qu’elles touchent, prêts dans tous