Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/261

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ont fait une guerre plus opiniâtre et plus savante que toute cette foule attachée à la bannière de la monarchie.

Par guerre de peuple, nous entendons une guerre sanctifiée par un but national, dans laquelle l’on met en mouvement le plus grand nombre de forces possible appartenant au pays, en se servant d’elles selon leur nature et leurs moyens ; — dans laquelle les éléments réguliers et irréguliers, distribués sur un terrain adapté à leurs aptitudes diverses, alternent leur action ; — dans laquelle on dit au peuple : « La cause pour laquelle on combat ici est la tienne ; le prix de la victoire sera à toi ; les efforts pour l’obtenir doivent être faits par toi ; » — dans laquelle un principe, une grande idée hautement proclamée, loyalement appliquée par des hommes purs, intelligents, aimés, vigilants, consciencieux, excite à une vie extraordinaire, exalte jusqu’à la fureur toutes les facultés de lutte et de sacrifice qui se réveillent et s’endorment si facilement dans le cœur des multitudes ; — une guerre dans laquelle aucun privilège de naissance, de faveur ou d’ancienneté sans mérite ne peut présider à la formation de l’armée, mais où le droit d’élection aussi largement appliqué que possible, renseignement moral alterné avec l’enseignement militaire, et les récompenses proposées par les compagnies approuvées par les chefs et données par la nation, font sentir au soldat qu’il n’est point une machine, mais bien une partie du peuple, un apôtre armé dans une cause sainte ; — une guerre dans laquelle les esprits ne s’habituent