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Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/32

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tion ? C’était le fantôme de la monarchie déchue, c’était l’esprit de caste et de privilège qui essayait d’armer le frère contre le frère, et d’amener le peuple républicain à s’égorger dans les ténèbres.

De l’autre côté, l’esprit théocratique, l’esprit de secte avait essayé d’agir et de mettre en méfiance la portion du peuple désarmé qui demandait la liberté d’association. Ainsi les préjugés du passé aveugle et obstiné travaillaient dans la haine, comme l’orgueil du progrès aveugle et intolérant, à étouffer le présent, l’égalité naissante, dans un déplorable conflit.

Heureusement le peuple est là, toujours sage, toujours généreux, et dégoûté, une fois pour toutes, de faire la guerre civile au profit des cupidités ou des ambitions d’autrui. Le peuple veut la liberté de conscience, et il l’aura en dépit du septicisme des uns, du fanatisme des autres. Il demande à être encouragé dans ses essais d’association, et il le sera sans nul doute. Il ne veut pas être forcé à s’associer malgré lui, et il ne saurait l’être. Laissez marcher les idées toutes seules, elles iront vite. Ne les faites pas accompagner inutilement de baïonnettes et de calomnies ; elles n’en ont pas besoin. Prêchez sans anathème, préservez sans exagération

Vous avez tous la liberté de la presse et de la parole. N’abusez pas de ce droit sacré pour vous élever sur le piédestal de votre ambition personnelle. Vous avez tous la mission de défendre l’ordre. N’abusez pas de la noble fonction du citoyen pour effrayer et menacer les ambitions personnelles qui se cachent.