Page:Sand - Souvenirs de 1848.djvu/367

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esprit d’ordre, de prudence ou de stoïcisme, elle a pu vivre en apparence, à l’abri des préoccupations de la réalité. Elle a écrit pour écrire ne demandant appui et courage qu’à elle-même, ne reprochant à personne de paraître l’oublier, ne sachant pas si elle avait des amis tièdes ou préoccupés, un public ingrat ou trop exigeant. Elle ne s’est peut-être pas assez soucié des choses littéraires qu’on appelle actualité ; des fautes d’inexpérience dans ses romans en ont peut-être fait méconnaître la valeur très réelle, et cela parce qu’elle n’a pas suivi attentivement le goût du public. Elle s’est peut-être un peu trop arrêtée sur l’époque où les moyens étaient plus simples. Si on l’eût mieux connue, elle, on l’eût applaudie davantage. Il y a des personnalités qui ne savent pas se communiquer, qui tout à la fois se révèlent trop et pas assez.

C’était selon nous le défaut de madame Allart. La muse montait sur le piédestal, couverte d’un voile emprunté. On ne voit pas assez dans son œuvre la femme excellente que ses amis adoraient en dépit de son mâle génie.

Cette fois, Hortense Allart a élevé son vol plus haut que le roman et l’histoire, c’est-à-dire plus haut que le récit et l’appréciation des faits humains ; elle a embrassé et concentré, en trois cents pages excellentes et vraiment belles, l’histoire du sentiment le plus élevé de l’humanité, la religion des belles âmes, ce qu’elle appelle avec raison la sainteté.

C’est un cours rapide sur le sentiment religieux, sur