Page:Sand - Souvenirs et Idées.djvu/14

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passe un pain aux assiégés au bout de sa baïonnette. Les Autrichiens prennent le pain, on ne se battait pas encore en cet endroit. Cependant un coup de feu part et l’enfant est tué.

Quelques heures après, la caserne est prise d’assaut. Le peuple indigné demande aux soldats de lui livrer l’assassin de ce pauvre enfant. Soit que ce fût la vérité, soit qu’ils fussent inspirés par le sentiment de leur conservation, les soldats montrent un des leurs couché par terre, blessé dans le combat… La juste colère du peuple tomba devant cet ennemi sans défense.


Un ouvrier beau parleur, insinuant, habile, éloquent même, était parvenu, depuis quelques jours, à se faire une grande popularité dans les clubs du faubourg Saint-Antoine. Il était proposé comme colonel de la garde nationale. Il allait être désigné comme candidat à la députation ; un de nos amis, Gilland, ouvrier serrurier, apprend que cet homme est un voleur. L’intérêt de la République lui commande de désabuser ses concitoyens. Malgré le danger de s’attaquer à une idole du peuple, il n’hésite pas ; il monte à la tribune et offre de procéder à une enquête.