Page:Sand - Tamaris.djvu/109

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fiance, vous auriez été le médecin des pauvres… Enfin il n’y faut pas penser, puisque vous n’êtes pas riche et que le devoir vous appelle ailleurs. On est toujours bien là où on se dévoue, et vous serez bien partout.

Ce que je rapporte des paroles de la marquise est comme le résumé affectueux, enjoué et parfaitement calme de son attitude vis-à-vis de moi. Il était bien évident que, renseignée par mon excellent baron, elle m’accordait sans marchander une estime particulière, et que, les circonstances s’y prêtant, je pouvais devenir son ami ; mais il n’était pas moins évident que des sentiments trop exaltés de ma part eussent été accueillis avec surprise, regret et déplaisir.

— Elle est cependant bien imprudente, cette femme si réfléchie ! me disais-je en traversant la forêt avec elle. Elle ne semble pas se rappeler que je suis jeune, et qu’il n’est pas nécessaire à mon âge d’entretenir en soi des vanités et des chimères pour se sentir très-agité et très-malheureux auprès d’une femme dont le type répond à notre conception du beau idéal… Agité, je le suis ; malheureux, je pourrais bien le devenir. Ah ! tant pis pour moi ! Pourquoi suis-je devenu assez maître de moi-même pour savoir cacher ce que j’éprouve ? Pourquoi ai-je cherché et un peu mérité l’épithète d’homme sérieux ? C’est peut-être funeste en amour, ce sérieux-là ! La