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Page:Sand - Tamaris.djvu/129

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vie devient impérieuse, et ceux qu’elle fatigue ou irrite le plus sont peut-être ceux qui s’en passeraient le moins.

Je voulus gravir jusqu’à la pointe du promontoire ; mais, de là, je ne vis que la mer immense et la garigue déserte jusqu’à la forêt parcourue la veille. Je me flattais de reconnaître la robe noire de la marquise, si elle était en promenade de ce côté. Je ne vis pas un être humain entre la falaise et la forêt. Je redescendis, et, comme j’approchais d’une source où, sur quelques mètres de terre fraîche entourés d’une palissade, croissaient au beau milieu du désert des légumes, Dieu sait par qui plantés, je vis un homme assis au bord de l’eau qui se leva à mon approche : c’était Marescat. Le cœur me battit bien fort, mais j’appris vite qu’il était seul.

— Je suis venu, dit-il, vous chercher de la part de madame. M. Paul s’est un peu enrhumé hier à la chapelle. On n’a pas voulu sortir aujourd’hui ; mais madame a dit : « Peut-être que le docteur nous cherchera. Il ne faut pas qu’il revienne à pied, c’est trop loin. Conduisez-lui la calèche et priez-le de venir nous voir s’il a le temps de s’arrêter ; si ça le dérange, vous le mènerez tout droit au paquebot de la Seyne. »

C’était aimable et bon de la part de la marquise : mais il n’y avait pas lieu de s’enfler d’orgueil. Paul était enrhumé, et on désirait mes soins avant tout.