Page:Sand - Tamaris.djvu/134

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femme. Je me la reprochai et me hâtai de la tranquilliser. Au fond, j’étais honteux de moi, j’étais troublé, j’avais une idée fixe : avait-elle aperçu la Florade ? avait-elle rencontré le feu de son regard ? Pauvre homme que j’étais, avec toute ma force lentement amassée et ma longue confiance en moi-même !

La marquise ne me parut pas avoir fait la moindre attention à l’officier de marine, et je me gardai bien de lui en parler.

— Quoi de nouveau ? dis-je à la Florade en le retrouvant le soir sur son navire, où j’étais invité à dîner par le médecin du bord.

— Rien. Elle me met dans une impasse. Elle dit qu’elle ira vivre où je voudrai, pourvu que je promette d’aller l’y voir. Pasquali n’a pu trouver d’autre moyen de l’ébranler qu’en lui disant qu’on devait obéir à la personne qu’on aime, et que, ma volonté étant de l’éloigner, elle avait à me prouver son affection en se soumettant sans condition aucune. Elle a demandé deux jours pour réfléchir, ajoutant que j’avais bien tort de ne pas lui dire moi-même ce que j’exigeais, marquant quelque défiance de la validité des pouvoirs de l’intermédiaire, ne luttant que par son inertie, et montrant à Pasquali étonné cette douceur têtue qui est plus difficile à manier que la violence.

— Alors vous faites bon marché de la violence ?