Page:Sand - Tamaris.djvu/136

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faute, moins je voulais le croire, et, ne lui demandant aucun compte de son passé, je lui savais mauvais gré de se faire inutilement valoir. Je fus vite dégoûté, non pas d’elle, mais de cette importance qu’elle voulait donner à nos relations. Il était question de quitter son mari et ses enfants ! Elle se disait si malheureuse avec son garde-côte, assujettie à tant de travail et de privations, que je lui offris le peu que je possède. Elle refusa avec hauteur, et je commençai à voir que j’avais affaire à une femme plus fière et plus à craindre que je ne l’avais prévu.

» Elle commença bientôt à se dire malade de chagrin et à m’assigner des rendez-vous qui l’eussent perdue. J’avais déjà bravé le danger dans l’enivrement de ma fièvre, car j’ai eu de l’emportement pour cette nature énergique, et je ne le nie pas. Elle a une exaltation d’esprit et une âpreté de formes qui la rendent souvent très-vulgaire, mais sublime par moments. Il n’est pas dans ma nature d’avoir peur d’une panthère. Je n’ai donc jamais craint sa violence ; mais je devais craindre de commettre une mauvaise action, et je fus renseigné trop tard sur la véritable situation de cette femme. Le hasard me fit rencontrer et connaître son mari ; dois-je dire le hasard ? Non ! il faillit surprendre un de nos rendez-vous, La femme eut le temps de se cacher, et je payai d’audace en abordant le garde-côte et en le priant de me servir de guide au bord des falaises. Je trouvai en lui