Page:Sand - Tamaris.djvu/140

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nous-mêmes. Laissons-nous aller à cette loi, qui emporte tout dans l’abîme, et il n’y a plus de société, plus d’humanité, plus rien : nous finissons comme les sauvages, par l’eau de feu ; si nous croyons à la civilisation, c’est-à-dire à Dieu et à l’homme, luttons contre l’orage extérieur et contre l’orage intérieur ; exerçons-nous à la force, réservons le peu que nous en acquérons chaque jour pour un noble emploi. Abstenons-nous de curiosités qui ne peuvent nous donner qu’une sensation égoïste et passagère, ne courons pas après tous les feux follets de la passion : cherchons le soleil durable et vivifiant de l’amour.

— Oh ! ce soleil-là,… à quoi le reconnaîtrais-je ? dit la Florade, railleur, mais un peu pensif.

— À l’utilité de votre dévouement pour la personne aimée, répondis-je. Plus vous donnerez de votre cœur et de votre volonté, plus il vous en sera rendu par l’influence divine de l’amour ; mais, quand cette dépense ne peut produire que le malheur des autres, soyez certain que vous vous ruinez en pure perte.

— Pour conclure, dit-il après un instant de rêverie où il me sembla prendre la résolution de respecter ma logique et de garder la sienne, qu’est-ce que je peux faire pour cette pauvre Zinovèse ? Vous n’allez pas me dire, comme pour Nama, qu’il faut l’épouser ou la fuir. Je ne peux que la fuir ou la con-