Page:Sand - Tamaris.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’en apprécier l’importance et la durée. Enfin je voudrais savoir quelle est ma mission auprès de cette pauvre fille, si je dois lui conseiller le courage d’oublier, ou agir de manière à renouer des liens encore tendres en vue d’un mariage possible.

— Tout ceci est fort délicat, répondis-je, et je vous dois la vérité. La Florade est mon ami, non un ami ancien, mais, si je peux parler ainsi, un ami d’inclination. Il y aura donc peut-être un peu de trahison de ma part à vous dévoiler les dangers de son caractère ; mais il a tellement le courage de ses défauts et de ses qualités, que, s’il était ici sommé par vous de s’expliquer, il vous dirait, j’en ai la certitude, tout ce que je vais vous en dire. C’est une nature séduisante et généreuse, mais sans frein. Il se livre tout entier à première vue, n’interroge rien, et se plaît en quelque sorte à braver toutes les conséquences de ses entraînements… Certes, il s’est beaucoup dominé en présence de Nama ; mais il n’est pas homme à jouer le calme qu’il ne sait pas imposer réellement à son imagination. Il a troublé la tête faible de cette fille par le trouble qu’il éprouvait lui-même. Elle a donc quelque motif pour s’abuser, sinon pour se plaindre.

— Alors me voilà fixée. Je ferai ce que Pasquali me conseille aussi : j’ôterai toute espérance à la pauvre créature. Pourtant… attendez ! Il faut, avant de me charger de ce rôle cruel, que vous me