Page:Sand - Tamaris.djvu/174

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les plages adoucies, et partout le dessin trouve le moyen d’être imprévu en restant logique.

Il était huit heures du soir. Le soleil couchant abreuvait de ses splendeurs la mer et le continent. Quand j’eus savouré ce spectacle, je me retournai pour voir l’aride Provence dans l’intérieur des terres. Je ne vis par là que chaînes dénudées se perdant à l’horizon en lignes sombres, quelques-unes si droites, qu’on les eût prises pour des murailles sans fin. Ce sont ces hauteurs stériles, complètement inhabitées sur une étendue de dix à douze lieues, que dans le pays on appelle proprement le désert. Entre ces désolantes masses et moi, les reflets du couchant s’éteignaient rapidement sur de larges abîmes de verdure coupés de collines fertiles et d’accidents calcaires fort étranges, sur des cirques de monticules coniques portant ou semblant porter un ou plusieurs cônes plus élevés au centre, mais tout cela sur une grande échelle, reposant sur des plateaux très-vastes, et renfermant des lits de torrents, des gouffres, des vallons profondément creusés, et des cultures ondoyantes ou des abîmes impénétrables. Il n’y a pas de grandes élévations en Provence : le Coudon lui-même n’est qu’une montagne de troisième ordre ; mais le dessin de ces aspérités est toujours fier et large. Le laid même, car il y a de très-laides régions, n’a rien d’étroit et de mesquin.

Je jetais un dernier regard sur le panorama mari-