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Page:Sand - Tamaris.djvu/182

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charges d’artillerie. Le vent d’est, qui passe au pied des Alpes de Nice et rase la mer, apporte, au contraire, sur le littoral de Provence des aspirations d’une longueur démesurée, des sanglots d’une douleur inénarrable.

Je songeais malgré moi à la villa Tamaris, exposée par le prolongement de la presqu’île à cette fureur des rafales. Je songeais surtout à l’austère veillée de la marquise, seule dans sa chambre, étiquetant des plantes ou repassant ses auteurs pour la leçon du lendemain à son fils, maintenant endormi sous ses yeux. — Mais était-elle toujours seule, la sainte et digne femme ? Le petit salon du rez-de-chaussée n’était-il pas déjà envahi par les amis nouveaux ? La Florade n’était-il pas là, avec Pasquali ou quelque autre, pendant qu’au sommet du Coudon brûlait peut-être encore un peu de cette flamme magique destinée à raviver celle de son amour pour la pauvre Nama ?

Le lendemain, quand je me levai, le Coudon avait disparu, le hameau était dans un nuage. La pluie ruisselait en torrents fantasques sur les pentes de la montagne. Les pluies de cette région sont insensées, sans intervalle d’un instant. Personne ne sort. Les Provençaux aspirent continuellement à ce rare bienfait, qui les consterne par son abondance quand il arrive.

Il n’y avait aucun moyen de transport pour retour-