Page:Sand - Tamaris.djvu/195

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— Mais… je n’en sais absolument rien, répondis-je.

— Moi, je le crois. N’importe ; Nama est guérie. Il s’agissait de la sauver, et j’ai consenti à être dupe. Je ne sais pourquoi le baron, avec qui je reprenais peu à peu mes douces causeries de la veillée, me dit tout à coup ce soir-là :

— Est-ce que je ne t’ai jamais raconté l’histoire de la marquise ?

— Jamais, lui répondis-je. Vous m’aviez dit plusieurs fois, en me la citant comme la plus parfaite parmi les femmes que vous estimiez beaucoup, qu’elle était fort à plaindre et armée d’un grand courage. Son mari vivait alors. En Italie, vous avez appris qu’elle était veuve, et vous avez dit : « Ma foi, je ne le regrette pas pour elle. » Depuis, nous n’avons rien dit qui portât sur son passé. Je ne me serais pas permis la moindre curiosité, et même en ce moment je ne voudrais pas être initié sans sa permission…

— J’ai la permission, reprit le baron. Son histoire tient en peu de mots, la voici :

» Elle avait déjà vingt ans quand elle s’est mariée. Jusque-là, elle n’avait pas voulu songer à quitter son père, le général de T…, toujours malade et souffrant de violentes douleurs par suite de ses blessures. Sa mère ne valait rien, et, quand je dis rien, tu sais que c’est beaucoup dire. Je ne suis pas intolérant, et,