Aller au contenu

Page:Sand - Tamaris.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

arbres clair-semés forment de charmants massifs où l’arbousier, toujours vert, domine, et où le soleil faisait tomber de grandes lumières chaudes et riantes sur les tapis bleus de l’aphyllanthe fleurie. C’était un jardin naturel d’une belle étendue et d’une grande variété d’aspects, les accidents bizarres de la montagne formant une suite de tableaux inattendus.

Le baron critiqua d’abord un peu la bizarrerie du site géologique, mais il fut promptement gagné par le charme de la végétation environnante et par la belle couleur de ces masses de grès, énormes blocs compactes dont la gangue durcie s’est couverte d’une mousse noirâtre. À mesure que nous avancions, la forêt devenait plus serrée et les formes de la montagne plus sauvages. On eût dit tantôt d’une ville inaccessible destinée à des êtres d’une nature inconnue, tantôt d’un amas confus d’ossements antédiluviens aux dimensions insensées. Ailleurs, c’était un écroulement effroyable avec des débris géants, plus loin une fantaisie d’architecture colossale appartenant à quelque race éteinte des temps fabuleux. Une de ces roches haut montée sur une sorte de piédestal informe, vue et éclairée d’une certaine façon, représentait une statue de lion fantastique assis au-dessus de la cime des pins et dominant de son impassibilité barbare la fraîcheur de l’oasis semée sur les ruines de son temple écroulé.

Les niches innombrables tournaient la tête au