Page:Sand - Tamaris.djvu/226

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couant la table avec humeur ; tu sais que je n’aime pas qu’on parle pour ne rien dire !

— Mais je dis quelque chose, reprit la Florade avec le même emportement ; je ne veux pas qu’on me nuise, je ne veux pas qu’on dise au baron : « Ne croyez pas, c’est un feu de paille. » Non, je ne le veux pas ; je tuerai celui qui me nuira !

J’étais à bout de patience.

— Allons nous battre tout de suite, lui dis-je en me levant ; car ceci est un ordre, une menace et une provocation ; j’en ai assez. Sortons.

Pasquali s’élança sur la Florade, qui me suivait, et, avec une vigueur magistrale, il le cloua sur sa chaise en lui disant :

— Et moi, je ne veux pas que tu bouges, je veux que tu expliques ta menace ou que tu la retires, ou bien je te donne ma parole que je monte à l’instant chez la marquise pour lui dire de ne jamais te recevoir.

Et, comme la Florade se débattait un peu, il lui fit, comme en dépit de lui-même, une révélation qui changea pour un instant le cours de ses idées.

— Écoute-moi bien, dit-il : je comptais te doter d’une somme assez ronde et qui sauvait ta dignité, car se présenter avec une boussole, une lorgnette et un étui à cigares pour épouser une grande dame, c’est humiliant. Il faut pouvoir lui dire : « J’ai de quoi vivre et j’entends être séparé de biens au con-