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Page:Sand - Tamaris.djvu/242

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— Alors votre cœur vivrait deux fois plus qu’il ne vit, et vous seriez deux fois plus heureuse ?

— C’est bien dit, docteur, je vous crois ; mais, si ce quelqu’un-là me trompait ou se trompait lui-même ?

— Quand vous en serez là, demandez à Dieu la réponse.

— Vous pensez qu’aucun homme ne peut répondre de lui-même ? C’est singulier ! je répondrais si bien de moi !

— Le jour où vous aimerez, vous ne demanderez pas à l’homme aimé de vous donner des garanties : vous croirez. Celui dont vous douteriez encore, vous ne l’aimeriez pas ?

— C’est encore vrai ! Alors… vous croyez que le cœur ne se trompe pas ?

— Un cœur comme le vôtre ne doit pas se tromper.

— Expliquez-moi cela. Je suis une femme très-ordinaire… et je me suis trompée une fois… en amitié.

— En amitié conjugale ?

— Oui, puisque vous le savez. Je n’aime pas à me plaindre ; n’y revenons pas. Expliquez-moi comment l’amour, qui est aveugle, à ce qu’on dit, peut apporter la lumière dans un cœur qui la cherche.

— Vous faites la question et la réponse, chère madame. Si ce cœur-là ne cherche réellement que la