Page:Sand - Tamaris.djvu/254

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mission, je m’en charge… si vous me l’ordonnez !

— Eh bien, je vous en prie, allez le trouver demain. Dites-lui ce qui s’est passé, et ma frayeur maternelle. Qu’il ne devine surtout en aucune façon que j’ai le moindre soupçon de ses prétentions. Il ne me conviendrait pas d’avoir l’air de m’en garantir.

— Mais, si demain il a revu la Zinovèse, si elle lui a dit…

— Que je me mariais avec vous, docteur ? Eh bien, laissez-le-lui croire, à lui aussi ! Demandez-lui le secret, et ensuite… Mais je ferais mieux de m’en aller, ce serait plus sûr. Que me conseillez-vous ?

En parlant ainsi avec une animation demi-enjouée, demi-inquiète, la marquise, que j’avais suivie auprès du banc de coquillages, se détourna comme pour regarder où était Paul, et je crus voir qu’elle essuyait furtivement des larmes soudaines. Je fus si troublé, si consterné moi-même, que je ne sais ce que je lui répondis. Pensait-elle avec effroi à son fils, menacé par une furie ?… L’effroi ne se traduit pas ordinairement par des larmes ! Sentait-elle avec déchirement la nécessité de renoncer à la Florade, ou de s’en séparer pour quelque temps ? Était-elle jalouse, ou honteuse d’elle-même, ou désespérée ? J’étais éperdu, moi, et, à mon tour, je me détournai pour lui cacher ma douleur. Elle renouvela sa question avec un visible effort sur elle-même.

— Tenez, lui répondis-je au hasard en lui mon-