Page:Sand - Tamaris.djvu/284

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mal pour le combattre. Je fis emmener les enfants, j’appelai les femmes des autres douaniers, j’envoyai Estagel chercher les objets nécessaires au Brusc, le plus prochain village, et j’eus une heure d’espoir, car j’obtins un mieux sensible, la peau se réchauffa un peu, les traits se détendirent, la connaissance et la parole revinrent. J’en profitai pour éloigner mes aides et interroger la malade.

— Quel poison avez-vous pris ? lui dis-je.

— Je n’ai rien pris.

— Si fait, je le sais. Qu’y avait-il avec la ciguë ?

— Ah ! vous savez ! Eh bien, il y avait plusieurs herbes.

Et elle me nomma des plantes dont le nom en patois local ne m’apprenait rien. Je pus lui arracher la révélation vague des doses et de la préparation, mais elle ne se laissa pas interroger complétement.

— Laissez-moi mourir tranquille, dit-elle, vous n’y pouvez rien. Il faut que je parte, et, si vous me sauvez, je recommencerai.

— Vous aviez donc depuis longtemps la volonté de vous ôter la vie ?

— Non. Je voulais l’ôter à celui qui m’a jouée et avilie !… mais j’espérais toujours. Aujourd’hui… quand donc ? je ne sais plus le temps qu’il y a,… j’ai trouvé une lettre… Ah ! où est-elle ?

— Je l’ai. Cette lettre est d’un frère à sa sœur.

— Non, vous mentez. Je ne vous crois plus. Ren-