Page:Sand - Tamaris.djvu/295

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connaissez pas la côte ! Emportez au moins une lanterne, et n’allez pas sans faire attention.

Je pris la lanterne, et je partis avec Marescat, qui avait en vain cherché à s’enquérir de nouveau. Tout le monde était endormi encore dans le poste. On avait veillé tard, le jour paraissait à peine ; les gardes-côtes de faction, trouvant nos recherches puériles et s’étant d’ailleurs prêtés à toutes les explorations voulues, nous invitèrent à ne pas troubler leur service par des cris et des appels qui ne pouvaient plus avoir de résultat.

Je pensais comme eux que Pasquali s’était laissé égarer par une inquiétude sans fondement, et qu’avec le jour nous le reverrions tranquillisé. Néanmoins je voulus examiner par moi-même. Marescat était très-fatigué. Au bout d’une demi-heure de marche, je l’engageai à se reposer dans une guérite abandonnée. Je continuai seul. Le nuage qui, la veille au soir, s’était détaché du promontoire s’était reformé durant la nuit. Je marchais donc dans une épaisse brume qui rendait mon exploration assez vaine. Les troncs des arbres m’apparaissaient à chaque pas comme de noirs fantômes, et les pâles touffes d’astragale épineuse jetées sur les clairières semblaient des linceuls étendus dans un cimetière disproportionné. Las de ces illusions continuelles, je descendis, non sans peine et sans danger, au bas des falaises que le brouillard n’atteignait pas. Je