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Page:Sand - Tamaris.djvu/307

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bien que je le respecte, et jamais je n’ai eu la tentation de trahir un ami plus heureux que moi, lorsqu’il méritait son bonheur. J’ai loyalement demandé pardon à la marquise, qui a fait semblant de ne pas savoir à propos de quoi. Je lui ai juré de reporter la bague, et je suis parti pour le baou rouge. J’avais du chagrin, j’ai pleuré dans les bois, oui, je me souviens d’avoir pleuré comme un enfant et d’avoir perdu là deux heures… deux heures que je me reprocherai toute ma vie. Si j’étais arrivé au poste des douaniers deux heures plus tôt…

— Non ! ne te reproche pas cela. La funeste résolution était accomplie dans la matinée.

— N’importe, le remords est là qui m’étouffe. Pourquoi avais-je pris cette bague ? Pourquoi avais-je écrit à Nama ? Pourquoi ai-je stupidement perdu la lettre ?…

— Tu sais tous ces détails ? Qui te les a donc appris ? Je te les tenais cachés !

— Qui me les a appris ? Ah ! je m’en souviens bien, moi ; c’est le mari de la Zinovèse !

— Tu l’avais donc vu ?…

— Oui, dans la forêt. Sa femme morte, ses enfants envoyés avec toi à Tamaris, il me cherchait… La Zinovèse avait parlé avant de mourir ; elle avait dit :

» — Venge-toi et venge-moi !

» Et le malheureux croyait accomplir un devoir !… Et puis c’est un homme ; il avait le sentiment de sa