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Page:Sand - Tamaris.djvu/31

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bien avoir hérité des préventions de son père contre le mien, car, je vous l’ai dit, nous étions fort brouillés.

— Bah ! bah ! elle verra bien que vous n’êtes pas un diable. Je la connais fort peu, mais assez pour qu’elle ne me jette pas à la porte. Elle ne passe pas pour une mauvaise créature d’ailleurs ; c’est une grosse endormie, voilà tout.

Et, comme j’allais questionner M. Pasquali sur cette personne dont j’ignorais l’âge, le nom et les mœurs, il détourna ma pensée vers un sujet sur lequel deux ou trois fois déjà il m’avait entamé.

— Parbleu ! dit-il, il serait probablement bien facile de vous entendre avec elle. Si vous vouliez sa part, elle vous la céderait et s’en irait vivre dans son vrai pays. Pourquoi diable, ayant ici un coin de terre, n’y installez-vous pas vos vieux parents ? Ils y vivraient peut-être plus longtemps que dans votre froide Auvergne : vous viendriez les y voir quelquefois, et je vous aurais pour assez proche voisin, ce qui ferait bien mes affaires, vu que vous me plaisez beaucoup.

Comme je discutais l’excellence de son climat, sur lequel il se faisait, au reste, peu d’illusions, nous passâmes au pied du fort Napoléon, l’ancien fort Caire, dont la prise assura celle de Toulon et fut le premier exploit militaire et stratégique du jeune Bonaparte en 93. Je ne pus résister au désir de gravir le talus rocheux qui nous séparait du fort à