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Page:Sand - Tamaris.djvu/312

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— Ah ! mon ami, vous me l’avez donné à entendre.

— Jamais ! Je t’ai interrogé pour savoir ce que ce pouvait être qu’un homme si hardi. Ce pouvait être un très-grand cœur ou un très-mince paltoquet, et ce n’est ni l’un ni l’autre. C’est un enfant terrible. Tu crois la marquise moins pénétrante et moins sévère que moi ? Pourquoi cela ?

— Parce que, le jour où la Zinovèse est venue la voir, elle a pleuré, beaucoup pleuré, je vous jure ! Elle voulait le fuir, et son cœur se brisait.

— Pauvre femme ! dit le baron en riant ; c’est vrai qu’elle a pleuré, et encore le soir en tête-à-tête avec moi. Et sais-tu ce que je lui ai dit pour tarir ses larmes ? Devine !

— Vous lui avez donné la force de se détacher de lui ?

— De lui, qui ? De celui qu’elle aimait ? Ma foi non ! Je lui ai dit : « Ma chère Yvonne, vous quitterez, si bon vous semble, ce pittoresque pays, qui menace de devenir tragique ; mais nous vous suivrons, lui et moi. Celui que vous aimez n’aura rien de mieux à faire que de vous consacrer sa vie, et, moi, j’aurai à prendre ma part de votre bonheur en le contemplant comme mon ouvrage… car c’est moi qui, de longue main, avais rêvé et peut-être un peu amené tout cela. Vous étiez mes meilleurs amis, mes enfants adoptifs et mes futurs héritiers : pour-