Page:Sand - Tamaris.djvu/314

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guérison physique et morale : viens donc trouver Yvonne avec moi, et tu verras si c’est M. la Florade qu’elle aime !

Aucune expression ne saurait peindre l’ivresse où me jeta cette révélation. Je craignis un instant de devenir fou : mais je ne voulus pas trop penser à mon bonheur. Je tremblais de n’en être pas digne. J’avais besoin de voir Yvonne et d’être rassuré par elle-même. Oh ! qu’elle fut grande et simple, et saintement sincère dans l’aveu de son affection ! Comme elle sut éloigner de moi le sentiment pénible de mon infériorité relative, car elle est restée à mes yeux ce qu’elle était le premier jour où je l’ai vue, un être plus accompli, meilleur, plus sage et plus parfait que tous les autres, et que moi par conséquent. Je n’ai jamais songé que sa naissance fût un privilège dont mon orgueil put être flatté, ni sa fortune un avantage qui pût rien ajouter à notre commun bonheur. Je n’ai pas eu non plus la crainte de ne pas aimer assez son fils. Je ne pouvais pas les séparer l’un de l’autre dans mon amour, et je n’aurais pas compris qu’elle me fît promettre de le rendre heureux. Aussi le mit-elle dans mes bras en me disant :

— À présent que je peux mourir sans crainte pour son avenir, la vie me paraîtra plus belle, et vous ne verrez plus jamais un nuage sur mon front.