Page:Sand - Tamaris.djvu/51

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toutes physiques qui n’éveillait dans l’esprit aucun intérêt puissant ou délicat. « Elle est très-belle ! » voilà tout ce qu’on pouvait dire d’elle. L’idée ne venait pas de chercher dans son cœur ou dans son cerveau l’âme de sa beauté. Comme elle était trop belle pour sourire, rougir ou s’effrayer de quoi que ce soit, son accueil était impassible. La tranquille froideur de ses manières mit les miennes à l’unisson.

Sa toilette, car elle était en toilette, était métissée comme sa figure. Sur une robe de soie de Lyon très-garnie de fanfreluches et très-mal faite, elle portait une sorte de draperie en foulard qui n’était ni châle ni manteau ; ses cheveux, divisés en nombreuses petites nattes, pendaient sur son dos, et je vis sur la table, auprès d’elle, un de ces petits chapeaux de feutre à plumes blanches, que les Françaises ont eu l’esprit de mettre à la mode pour la campagne, et qu’elles devraient avoir celui de porter à la ville.

Un superbe narghileh était posé à terre devant une pile de riches carreaux. Était-ce pour l’ingrat dont la négligence, au dire de sa négresse, la faisait pleurer ? Mais ces beaux yeux d’émail, fixes comme ceux d’un sphinx, connaissaient-ils les larmes ?

Je m’adressais rapidement ces deux questions, lorsque je vis mademoiselle Roque repousser du pied le tapis, comme s’il n’eût pas dû être profané par