Page:Sand - Tamaris.djvu/55

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raissait en proie à un découragement complet de sa situation, acceptée avec la plus complète inertie. Je voulus en vain réveiller en elle quelque esprit de prévoyance ; je me permis quelques questions. Elle m’apprit qu’elle ne possédait rien au monde que la terre qui entourait sa maison, les meubles et bijoux qui remplissaient la pièce où nous nous trouvions.

— À quoi évaluez-vous tout cela ? me dit-elle. On m’a dit que j’en tirerais un peu d’argent.

— Pour cela, lui dis-je, je n’en sais pas plus que vous. Avez-vous confiance en quelqu’un dans votre voisinage ?

— J’ai confiance en tout le monde, répondit-elle avec une candeur qui me toucha.

— Me permettez-vous d’en causer avec M. Pasquali et M. Aubanel ?

— Certainement.

— De leur confier vos intérêts comme les miens propres, et de chercher avec eux le moyen de tirer de ce qui vous reste de quoi assurer votre existence dans des conditions peut-être meilleures que celles où je vous vois ?

— Oui, oui ; mais écoutez : je veux bien vendre, mais je ne veux pas quitter la bastide.

— Comment ! vous y tenez, à cette horrible masure qui vous rappelle à toute heure de si tragiques souvenirs ?

— Où voulez-vous que j’aille ? Je n’ai jamais ha-