Page:Sand - Tamaris.djvu/65

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vieux amis, bien bons et bien respectables, j’en ai, Dieu merci ; mais ceux-là me comprennent et ne me tourmentent pas. Ils disent à Paris que je suis dans le Midi, et c’est si grand, le Midi ! Personne ne me cherche jusqu’à présent, et c’est tout ce qu’il me faut. Je resterai ici tant qu’on m’y laissera en paix, et, si l’on m’y relance, j’irai dans quelque autre coin du pays. Le vent est un peu dur, le mistral me fatigue ; mais Paul le boit comme un zéphyr, et je m’y habituerai. Je serai si heureuse et si fière, si je viens à bout de l’élever sans que son éducation soit abandonnée ! C’était impossible dans le monde. Une puérile multitude de faux devoirs m’arrachaient à lui à toute heure ; il me fallait le confier à des gens qui avaient une certaine valeur assurément, mais qui n’étaient pas moi. Il est assez curieux, il aime l’étude ; mais il a besoin de mouvement, et il y avait toujours trop ou trop peu de l’un ou de l’autre. Ici, je peux lui mesurer la dose, et même fondre ensemble l’étude et l’exercice. J’apprends tout ce que j’ai à lui apprendre. J’ai des livres, je travaille un peu le soir, quand il est couché. Je tâche de m’instruire pour l’instruire à mon tour. Nous faisons de grandes promenades ; nous étudions l’histoire naturelle en courant, et il y trouve un plaisir extrême, sans cesser d’être joueur et lutin. Quand vous m’aurez tranquillisé l’esprit sur les études classiques…

— Je m’en occuperai dès ce soir.