Page:Sand - Tamaris.djvu/78

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qu’un héritier pressé de réclamer, et, ne sachant pas si vous ne lui contesteriez point la bastide, elle vous suppliait de la lui laisser.

» Quand j’eus réussi à lui faire comprendre que je n’étais pas vous, mais que je vous connaissais, elle me pria de vous parler d’elle. Il me semblait avoir entendu dire que la maison lui était spécialement réservée ; mais je n’en étais pas sûr, et je promis de le lui faire savoir le lendemain. Quant à elle, consternée et comme stupéfiée par le suicide de son père, elle n’avait absolument rien compris à la communication qui lui avait été faite du testament, et elle avait peut-être regardé comme indigne de sa fierté de se faire expliquer quoi que ce soit. Je questionnai Aubanel comme par rapport à vous, et, sans lui rien dire de mes deux entrevues avec mademoiselle Roque, je sus qu’elle n’avait rien à craindre de ce qu’elle redoutait, et je pensai à lui écrire ; mais je ne sais pas écrire en indien, et j’avais découvert qu’elle ne savait pas lire le français. On n’a aucune idée de l’abandon intellectuel où son père l’a laissée vivre. Sans sa mère, qui lui a appris le peu qu’elle sait, et les enfants du fermier, qui lui ont parlé provençal, elle n’eût su, je crois, s’exprimer dans aucune langue.

— Elle parle pourtant un français assez correct.

— Elle est fort intelligente à certains égards, et sa douceur cache une grande force de volonté. Elle