Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/205

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MADELEINE.

Parle.

FRANÇOIS.

Ça me gêne à vous dire, et pourtant je ne dois pas le taire plus longtemps : c’est que la Sévère ne lâche point de vous décrier, et qu’elle en dit de si belles sur votre compte, que le monde commence à le croire et à jaser aussi. Bon Dieu !… je voudrais bien les tenir un petit moment au bout de mon bras, ceux qui répandent de pareilles choses !

MADELEINE.

Allons, ne te fâche pas, et apprends-moi donc ce qu’on dit de moi, car je ne saurais deviner.

FRANÇOIS.

On dit, on dit !… ça me pèse !… eh bien, c’est Mariette qui a une jalousie contre vous, en quoi la Sévère la pousse à vous noircir, et, à elles deux, elles disent contre vous… à cause de moi, des choses… allons, c’est lâché ! des choses qui vous font du tort.

MADELEINE.

Vrai !… Voilà qui est mal ; et quelle sorte de jalousie peut-on mettre dans la tête de cette pauvre petite folle de Mariette à propos de moi ? On t’a trompé, François, cela ne se peut. Je ne suis plus faite pour inquiéter une jeune et jolie fille : j’ai quasi trente ans, et, pour une femme de campagne, qui a eu beaucoup de peine et de fatigue, ce n’est plus le temps de mettre son bonnet sur l’oreille et de songer à plaire. Si je ne suis point d’âge à être ta mère, je suis du moins de cette apparence-là, et le démon seul peut penser que je te regarde autrement que comme mon fils.

FRANÇOIS.

Et pourtant, M. Blanchet, avait une mauvaise idée comme ça, quand il vous a obligée de me chasser !

MADELEINE.

Tu sais donc ça à présent, François ? Je ne te l’aurais jamais dit : une si vilaine idée doit te peiner et te confusionner autant que moi… N’en parlons point, et pardonnons encore