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Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/294

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homme que le malheur a tordu comme un brin de paille ; mais à qui, tout de même, Dieu a envoyé un grand secours en lui donnant une fille comme toi !

claudie, sombre.

Une fille qui l’a déshonoré !

rémy, se levant avec elle.

Tais-toi, Claudie, tu n’as point le droit d’accuser et de maudire la fille que j’aime ! Ta faute n’a perdu que toi, et mon devoir est de te la faire oublier. Le sauveur des pauvres humains a pris la brebis égarée sur ses épaules, et ce que le bon pasteur a fait pour son ouaille, un père ne le ferait pas pour sa fille ? Tu as eu assez de repentir, tu as assez souffert, assez pleuré, assez travaillé, assez expié, ma pauvre Claudie. D’ailleurs notre péché est le même, nous avons eu trop de confiance, nous n’avons pas connu les mauvais cœurs. Nous en avons été assez punis, puisque nous avons perdu notre pauvre petit ! Tu n’as donc plus que moi, comme je n’ai plus que toi sur la terre ! Et nous ne nous aimerions pas ! Va, il y a assez longtemps que tu te déchires le cœur, je veux que tu te pardonnes à toi-même. Entends-tu, Claudie, c’est ma volonté. (Sur la fin de ce récit, Rémy a défait les cordons de la cape de Claudie et lui fait signe de la mettre sur une chaise à droite, Claudie obéit.)

claudie.

Mon père, je n’aime que vous, je n’aime que vous au monde !




Scène V


RÉMY, CLAUDIE, MÈRE FAUVEAU, ROSE, SYLVAIN.


rose.

Allons, Sylvain, faut que tout le monde me cède aujourd’hui !