Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/308

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rémy, sans baisser la voix.

Pourquoi donc ça ? Si quelqu’un a eu une mauvaise pensée sur ma fille, ne voulez-vous point donner l’exemple du respect qu’on lui doit ?

fauveau, à demi-voix.

Oui, oui, ça viendra ; mais pour l’instant, faut de la prudence. Si vous voulez la marier un jour ou l’autre faut pas tant ébruiter son malheur.

rémy.

Ah ! vous croyez qu’elle ne mérite pas de rencontrer un honnête garçon qui regarde à la bonté de Dieu plus qu’à la rigueur des hommes ?

fauveau, avec intention.

C’est de la rigueur, si vous voulez, mais ça règne partout, et les parents regardent à ça, si les enfants n’y regardent point !

rémy, bas en poussant Fauveau du coude et lui montrant Rose, qui est toujours près de Claudie.

Et pourtant madame Rose a fait parler d’elle plus souvent que ma fille. Est ce qu’à cause de son bon cœur et de sa grande charité, un honnête homme ne pourrait pas l’aimer ?

fauveau.

Si fait ! où voulez-vous en venir ?

rémy, avec intention et toujours bas.

Et, comme elle est riche avec ça, il y a bien des parents qui voudraient, malgré le préjugé, la faire épouser à leur fils ?

fauveau, piqué et oubliant de parler bas.

C’est-il pour me blâmer que vous dites ça ?

rémy, parlant haut.

Non ! je ne pense qu’à ma fille, moi. Pour moi, Claudie est sanctifiée, et ce n’est pas à moi qu’il faut venir dire que les idées du monde peuvent prévaloir contre elle.

fauveau, très-haut avec colère.

Les idées du monde, c’est les miennes, et je ne veux point les voir démolir. (Appuyant sur ses mots.) Faut pas, parce que vous