Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/354

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un honnête homme de la dire et à un grand homme de l’entendre. Prince, vous trahissez de propos délibéré le roi et la France : mon devoir serait de traverser vos desseins au péril de ma vie, et, si je ne le fais point, c’est parce que vous êtes un héros et que j’espère tout de vos propres réflexions quand cette ivresse de vengeance où vous êtes sera dissipée. Voilà pourquoi je ne me repens point de vous avoir respecté et d’avoir humblement partagé mon pain avec vous. Mais en accepter la moindre récompense serait une félonie envers mon souverain, et vous n’insisterez point. Si vous rougissez, monseigneur, de l’assistance d’un pauvre diable de mon espèce, oubliez-la vitement. Il n’est point à croire que je me trouve jamais sur votre chemin pour vous en faire ressouvenir.

Il salue profondément et se retire.




Scène XV


LE CAVALIER

Cet homme est fort étrange ! Il aime et respecte ma personne, qui lui est sacrée ; il déteste mon œuvre, qui lui semble criminelle ! c’est un homme d’un grand sens et dont l’air et les paroles attachent singulièrement. Il raisonne juste au fond… Il est vrai que son pauvre métier le place en dehors des grands intérêts et des grandes passions de ce monde… Où la vertu se va-t-elle nicher ?… (Il rêve un instant puis tout à coup se réveille de sa rêverie.) Mais je ne me suis pas mis en route avec tant de mystère et au travers de tant de périls pour m’arrêter aux raisons de chacun !

Il va pour sortir et voit rentrer Pierrette.




Scène XV


PIERRETTE, LE CAVALIER.


LE CAVALIER.

Eh ! petite fille, ici, je te prie !