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Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/359

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PIERETTE.

Hé, monsieur Molière, donnez-vous le temps ! que vous êtes donc vif !

MOLIÈRE.

Je ne suis point vif, je suis pressé ! voilà l’heure qui approche.

PIERETTE.

Vous avez beau vous dépêcher, la cour ne se dépêchera pas pour cela. Elle est encore à table, et vous en avez pour une grosse heure à attendre.

MOLIÈRE.

N’importe, ma fille ! le roi a donné l’ordre du spectacle pour six heures, il faut qu’à six heures tout soit prêt, et moi le premier. C’est à nous d’attendre le plaisir du roi, et non point à lui d’attendre le nôtre.

PIERETTE.

Eh ! ma foi, monsieur, quand le roi vous attendrait un peu ! Il a bien entendu ce matin M. Lulli !

MOLIÈRE.

Vrai ?

PIERETTE.

Ah ! vous ne savez point cela ? Tout le monde en parle dans la maison.

MOLIÈRE.

Mais elle est grande, la maison de Versailles, et je ne puis être partout. Que s’est-il donc passé ?

PIERETTE.

Eh bien, monsieur, le roi attendait la saint… la saint…

MOLIÈRE.

La symphonie ?

PIERETTE.

C’est ça ! M. Lulli trouvait que les musiciens ne la musiquaient point à son idée. Il la leur faisait répéter deux ou trois fois. Il était furieux, il cassait les violons. Le roi et la cour s’impatientaient : le roi envoie un page… Bon ! M. Lulli n’y prend point garde. Le roi envoie encore un page : point