Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/128

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actrice française. Abandonné et renié de sa famille pour ce fait, il vivait sans bruit à Venise. J’y suis né ; me voilà donc Allemand par mon père, Français par ma mère, Italien par ma naissance, et parlant avec facilité ces trois langues.

SARAH, à Gérard.

Ah ! s’il pouvait n’en parler aucune !

LE DUC.

Orphelin et sans fortune, ce cosmopolitisme m’a mis à même de me tirer d’affaire tant bien que mal, souvent assez mal, jusqu’au moment où mon propre oncle, le duc régnant Max de Treuttenfeld, se laisse mourir sans autre postérité que moi, pas plus tard que l’année dernière. C’est alors que… (Se levant.) Mais je songe que j’ai des lettres à écrire, et qu’il faut que je sois à la ville avant le départ du courrier ; c’est ce qui me prive de l’honneur d’une plus longue rencontre avec vous. Sans cela…

SARAH.

Oh ! ne vous dérangez pas, monsieur le duc ; nous serions désolés…

GÉRARD, à son groom, qui entré chargé de plusieurs objets, une petite malle, un nécessaire, des manteaux, etc.

Bien ; pose tout cela ici, et va déballer les vivres.

Le groom pose les objets à la porte du chalet et sort.
SARAH, bas, à Gérard.

Ah ! ciel ! vous parlez de manger, il va rester.

LE DUC.

Un beau pays, n’est-ce pas, que la Savoie ? Vous y êtes pour toute la saison des bains ?

SARAH.

Non ; nous partons dans trois jours, et voici notre dernière excursion.

LE DUC.

Un dîner sur l’herbe… près d’un chalet ? Bonne idée, en cas d’averse. Le temps menace, je ferais peut-être bien d’attendre.