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Scène II

EDMÉE, PATIENCE, M. AUBERT, BERNARD.


Patience salue M. Aubert, qui continue son récita voix basse. Il est proprement vêtu. Il s’approche d’Edmée.


EDMÉE.

Ah ! vous voilà, mon bon Patience ! Asseyez-vous, j’ai encore quelques points à faire.

PATIENCE, s’asseyant et regardant l’ouvrage.

Un petit sarrau ! ma foi, ça vous a une tournure, et ces pauvres enfants vont être braves ! Savez-vous que, pour une demoiselle, vous êtes diantrement adroite de vos mains ? C’est joliment taillé, ça ! mais ça ne me paraît guère cousu : pour des enfants qui ont tant besoin de remuer !

EDMÉE.

Ce n’est pas cousu du tout, c’est coupé et assemblé seulement. Il ne faut pas ôter l’ouvrage à nos ouvrières.

PATIENCE.

Ah ! dame ! elles ne sont guère habiles dans notre endroit ! ne m’avaient-elles pas cousu la manche droite au bras gauche ? Aussi j’étais gêné du coude ! sans vous, je n’aurais jamais su d’où ça me venait… Ah ! à propos, il y a Sylvain Tourny, vous savez ce garçon qui demeure dans la paroisse, un assez bon sujet, qui a ses parents métayers à la Roche-Mau… (Edmée lui fait signe de ne pas prononcer ce nom devant Bernard. Il baisse la voix.) Il s’en va retourner là-bas pour soigner son père, qui est très-malade, et il demande qu’on y envoie le médecin… Il ne dit pas ce qu’il a, le vieux ; mais ça le tient dans le bras, et il parait qu’il a reçu un mauvais coup à l’affaire de…

EDMÉE, lui faisant encore signe.

Oui, oui, envoyez-lui le médecin, et payez-lui la visite… Avez-vous encore de l’argent ?