Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/101

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HENRI, enivré ; il est assis presqu’à genoux.

Ah ! tiens, Françoise, tu es l’ange de la miséricorde, et je ne comprends pas que je puisse jamais détacher ma main de la tienne ! (Lui baisant les mains avec transport.) Non, c’est impossible, vois-tu ! on ne sépare pas, on n’éteint pas deux cœurs unis comme les nôtres…

FRANÇOISE.

Henri ! que dis-tu ?… Songe…

HENRI.

Je dis… je dis que ce qui nous environne est un mauvais rêve ! Il n’y a de vrai, il n’y a de réel que ce qui se passe là dans nos âmes ! Je ne comprends plus rien ; je ne me rappelle plus rien de moi, sinon que je t’aime et que je ne peux pas te perdre. Ah ! je ne le pourrai jamais, vois-tu ! Je voulais t’oublier, te quitter, et tout à l’heure encore te crier dans mon désespoir de ne plus m’aimer, d’en aimer un autre. C’était insensé ! tu ne le pourrais pas non plus ! tu sens, comme moi, que nous ne ferons jamais qu’une seule pensée, une seule volonté, un seul être !

FRANÇOISE, éperdue.

Ah ! comme c’est bon, comme c’est vrai, ce que tu dis là !




Scène XIV


Les Mêmes, LE DOCTEUR, LA HYONNAIS.


Ils ont entendu la réponse de Françoise.


LE DOCTEUR, venant de la droite.

Qu’est-ce donc qu’il te dit, Françoise ?

FRANÇOISE.

Ah ! tenez, mon père, sachez la vérité ! Il m’aime, et, moi, je