Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/110

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DUBUISSON.

Monsieur le comte, je vous donne ma parole d’honneur que j’en suis incapable… Je suis un homme franc, moi, et je ne fais point de ces tours-là… Ceux qui vous le jouent ne vous connaissent guère, et ne sont pas vos amis autant que je l’aurais été si vous aviez voulu…

HENRI.

Mes amis ?… Quels amis ?… Qui donc me rend, à mon insu, un pareil service ?…

DUBUISSON.

Je ne veux soupçonner personne ; mais, si c’est le docteur, vous savez… ? (À part.) Je vas lui couler ça. (Haut.) On vous a dit qu’il allait marier sa demoiselle.

HENRI.

Vraiment ?…

DUBUISSON.

Et, vu sa petite position de fortune,… il faudra bien que vous vous acquittiez un jour, le plus tôt possible…

HENRI.

Oh ! oui, certes !… Cette générosité me crée un supplice que j’avais repoussé !…

DUBUISSON.

Vous voyez donc bien !… Quand je vous le dis : je vous connais, vous êtes fier. Ils vous ont fait reculer devant un mariage qui vous souriait et qui vous convenait, pour arriver à quoi ?… À être forcé, à présent, d’en chercher un autre qui ne vous plaira peut-être pas tant… Est-ce que vous êtes fait pour rester garçon, vous ?… Non, vous avez été trop bien élevé pour savoir gagner votre vie !… Eh bien…

HENRI.

Eh bien, monsieur ?…

DUBUISSON.

Eh bien, mordi !… faites vos réflexions, je ne vous dis que ça. Il y a des héritières laides, bossues ; mais il y en a aussi de jolies… quelques-unes, et qui n’ont pas été mal élevées non plus ; tôt ou tard, vous y songerez… Je ne vous jette pas la