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Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/188

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ROLAND.

Madame, mon cœur est fort malade, et, en quelque lieu que je sois, il est condamné à la souffrance.

ROSALINDE, bas, à Célia.

Je veux lui parler comme ferait un page effronté. (Haut) C’est-à-dire que monsieur soupire pour quelque laideron qu’il croit belle ?

CÉLIA.

Il se sera épris à première vue, comme on dit.

ROLAND.

Cela peut arrivera tout le monde. Il ne faut qu’un instant, un éclair…

JACQUES, railleur.

Oui, oui, un éclair de ses yeux, comme disent vos poëtes.

ROLAND.

Je connais peu les poëtes. Je voudrais avoir leur science.

CÉLIA.

Pour chanter les attraits de…

ROSALINDE.

Comment se nomme-t-elle ?

ROLAND.

Son nom ne sortira jamais de mes lèvres.

CÉLIA.

Ah ! vous convenez de votre amour ?

ROLAND.

Moi ? Je n’ai rien dit.

ROSALINDE.

Vous ne la nommez pas, mais vous pouvez la dépeindre ? (Se mettant en face de Roland.) Est-elle grande ou petite ?

ROLAND.

Page, vous êtes trop curieux.

ROSALINDE.

Il y a longtemps que vous l’aimez ?

ROLAND.

Il n’y a pas longtemps, et je ne comprends pas que j’aie pu vivre avant de l’avoir vue.