Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/247

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DES AUBIERS, avec impatience.

Va toujours ! tu t’en es bien repentie, hein ? de m’avoir tant aimé !

MARGUERITE.

Eh bien, voilà ce qui te trompe… Je suis très-contente de mon sort !

DES AUBIERS.

Oui ! parce que tu crois m’avoir soumis, dominé… Pst !

MARGUERITE.

Non ! mais je t’ai sauvé de toi-même !

DES AUBIERS.

Et de mes créanciers… C’est vrai !

MARGUERITE.

Fi ! je ne parle jamais de ça ! Mais, si tu es devenu sage, c’est grâce à moi !

DES AUBIERS.

Ah ! comment ça, dis ?

MARGUERITE.

Tu veux que je livre mon secret ? C’est bien simple ! Je me suis attachée à satisfaire tes bons instincts, et à te faire oublier les mauvais. Tu aimais l’élégance dans le bien-être, j’ai voulu te faire un intérieur où tu fusses mieux que partout ailleurs. Tu as l’intelligence claire et des idées larges ; je t’ai fait acquérir, par une vie régulière, la considération, le crédit que tu méritais d’avoir. Tu es sensible, bon, au point de ne pouvoir envisager la souffrance ; il n’y a plus de malheureux autour de toi. Enfin, tu adorais ton fils, j’ai tâché de lui procurer une belle éducation et de lui assurer un bel avenir.

DES AUBIERS, attendri.

C’est vrai ! c’est vrai, ma chère amie !… Je l’aimais passionnément, mais aveuglément, ce fils unique ; je l’eusse gâté, tu as su l’aimer sagement. Mon Dieu ! je ne suis pas ingrat ! je sais bien tout ce que nous te devons, lui et moi ! Mais laisse-moi te dire tes erreurs et tes torts… Tu exiges trop de nous ! tu nous veux parfaits comme toi-même ! ce n’est pas