Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/354

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URBAIN.

Je vous entends ! Mais laissez-moi vous rappeler que le mieux est l’ennemi du bien ; or, en fait de mariage…

Caroline se lève et s’éloigne à gauche.
LA MARQUISE, à Caroline.

Où allez-vous ?

CAROLINE.

Voir si la pendule ne retarde pas.

LA MARQUISE, souriant.

Non, ma chère enfant, elle va très-bien. Voyons, mon fils, vous disiez ?…

Caroline remonte à gauche.
URBAIN.

Qu’un homme à qui l’on conseillerait de se pendre pour sa santé, ferait bien d’y regarder à deux fois.

LA MARQUISE.

Qui vous conseille pareille chose ?

URBAIN.

Ceux qui me conseilleraient de me marier pour me marier, sans connaître la personne…

LA MARQUISE.

Mais on se connaît, quand on ne refuse pas de se connaître.

URBAIN.

Ah ! et comment s’y prend-on ? Nous savons bien comment se font les mariages du grand monde. On est présenté à une jeune personne qui est censée ne rien savoir de vos prétentions et qui, sans avoir l’air de vous remarquer, vous examine tristement ou narquoisement, en se disant à elle-même : « Je tâcherai de m’habituer à la figure de ce monsieur-là ; mais je l’aurais mieux aimé autrement ! » On se revoit deux ou trois fois. Si on se voyait davantage, il serait trop tard pour se raviser. Donc, on s’épouse sans se connaître ; après quoi, l’on se convient si l’on peut.

LA MARQUISE.

Je suis de votre avis, vous méritez mieux que ces mariages de hasard, et c’est à moi de trouver celui que vous