Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/36

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CLÉONICE.

Avec ça, il ne veut pas porter de lunettes.

FRANÇOISE.

C’est par coquetterie !

CLÉONICE.

C’est drôle, je ne suis demandée en mariage que par ceux qui n’y voient pas. (Regardant à droite, vers la salle à manger.) Tiens, tiens ! qu’est-ce que c’est que ce monsieur-là ? Et cet autre ? Des gens très-bien ! Vous ne me disiez pas que vous aviez du monde, Françoise !

FRANÇOISE.

L’un est mon ami d’enfance.

CLÉONICE.

Ah ! le jeune homme élevé chez vous ! Il est marquis ou comte, je crois ? Pourvu que maman ne le voie pas ici ! Elle voudrait me le faire épouser tout de suite.

FRANÇOISE.

Oh ! rassurez-vous ! son illustre père ne consentirait jamais…

CLÉONICE.

À une mésaillance ? Ah ! oui-da ! Eh bien, et vous ? vous êtes mieux née que moi, je le sais ; vous tenez à l’ancienne bourgeoisie du cru ; mais enfin, vous n’êtes qu’une bourgeoise, et on dit partout qu’il vous épouse ?

FRANÇOISE.

Henri ? Voilà une belle histoire !

CLÉONICE.

Dame ! il serait temps de vous décider, vous avez bien vingt ans…

FRANÇOISE.

Vingt-quatre, s’il vous plaît, petite fille, et je compte faire encore mes réflexions.

CLÉONICE.

Ou bien vous avez comme moi une passion dans le cœur !

FRANÇOISE.

Comme vous ? Oh ! non !